Surpoids, inflammation chronique : une bactérie intestinale en cause

Bilophila wadsworthia. Ce nom ne vous dit probablement rien. Chez un individu sain, elle représente moins de 0,1% des bactéries du microbiote intestinal. Mais chez des individus dont l’alimentation est riche en graisses, elle est plus abondante et détériore des paramètres du syndrome métabolique.

Les modifications de la composition du microbiote sont couramment associées à des dysfonctionnements métaboliques, sans pour autant que les mécanismes qui sous-tendent cette relation soient encore bien compris. Une équipe de chercheurs de l’Inra, de l’AP-HP (Assistance Hôpitaux Publique de Paris), de l’Inserm et de l’Université de Sorbonne ont mis en évidence, dans une étude préclinique in vivo, que les troubles métaboliques liés à un régime alimentaire riche en graisses sont aggravés par la prolifération d’une bactérie intestinale pro-inflammatoire, Bilophila wadsworthia, qui contribue à détériorer la barrière intestinale.

Une bactérie intestinale qui favorise l’inflammation, le surpoids et l’obésité

En effet, les résultats de cette étude ont montré qu’un régime alimentaire riche en graisses crée des conditions propices à la prolifération de bactéries intestinales, telle que B. wadsworthia. Cette multiplication s’accompagne d’une aggravation des différents paramètres qui caractérisent le syndrome métabolique et favorise l’obésité. Par exemple, l’altération de la tolérance au glucose, la diminution de la sensibilité à l’insuline ou l’augmentation des lipides sanguins et hépatiques.

Elle est également associée à une inflammation intestinale et à un dysfonctionnement de la barrière intestinale, ainsi qu’à des troubles du métabolisme des sels biliaires, favorables au développement de cette bactérie.

Un probiotique peut contrecarrer son effet négatif

Les scientifiques ont ensuite exploré le potentiel thérapeutique d’une bactérie probiotique, Lactobacillus rhamnosus, révélant l’intérêt d’une souche spécifique, CNCM I-3690, qui:

– limite la prolifération de B. wadsworthia,

– protège la barrière intestinale de ses effets pro-inflammatoires,

– et améliore les paramètres de régulation du glucose.

Ces résultats, s’ils sont confirmés chez l’homme, ouvrent la voie à l’utilisation préventive et thérapeutique de souches probiotiques, susceptibles de faire reculer le spectre de maladies inflammatoires et métaboliques, en rétablissant certaines fonctions associées à un microbiote intestinal équilibré.

Source
Jane M. Natividad: Bilophila wadsworthia aggravates high fat diet induced metabolic dysfunctions in mice. Nature Communications

 

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Hélène Leroy