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Solitude: Se sentir seul peut avoir de graves conséquences sur votre santé

Une récente étude a révélé que le fait d'être constamment seul sur une longue période augmente de manière significative le risque de faire une crise cardiaque.

La solitude est un problème de santé publique de plus en plus préoccupant dans notre société moderne. Longtemps considérée comme un simple désagrément, la solitude est désormais reconnue pour ses effets dévastateurs sur la santé physique et mentale. Une récente étude a révélé que le fait d’être constamment seul sur une longue période augmente de manière significative le risque de faire une crise cardiaque. Voici en détail les mécanismes par lesquels la solitude peut mener à des problèmes cardiovasculaires, ainsi que les moyens de s’attaquer à ce fléau croissant.

Comprendre la solitude et ses impacts

La solitude ne se résume pas simplement à être seul physiquement. C’est un sentiment de manque de connexion et d’appartenance, une impression de ne pas être compris ou soutenu par son entourage. Certaines personnes peuvent se sentir seules même lorsqu’elles sont entourées, tandis que d’autres peuvent vivre de manière isolée sans pour autant ressentir de la solitude.

Les conséquences de la solitude sur la santé sont multiples et peuvent être dévastatrices. Sur le plan physiologique, la solitude a été associée à une inflammation accrue, un système immunitaire affaibli et une activité élevée de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien. Ces processus peuvent à leur tour mener à une augmentation de la pression artérielle et du risque cardiovasculaire.

Sur le plan comportemental, les personnes souffrant de solitude ont tendance à adopter des habitudes malsaines comme la sédentarité, une alimentation déséquilibrée, une consommation excessive d’alcool ou de tabac, et une mauvaise observance des traitements médicaux. Tous ces facteurs contribuent à fragiliser leur santé.
Enfin, sur le plan psychosocial, l’incapacité à nouer et maintenir des relations satisfaisantes peut engendrer des difficultés interpersonnelles à long terme, lesquelles sont également susceptibles d’affecter le risque de problèmes cardiovasculaires.

Le lien direct entre solitude et accident vasculaire cérébral

Une récente étude publiée dans la revue The Lancet’s eClinical Medicine a mis en évidence un lien direct entre la solitude chronique et le risque accru d’accident vasculaire cérébral (AVC). Les chercheurs ont suivi pendant plusieurs années un groupe de plus de 8 900 participants âgés de 50 ans et plus n’ayant jamais fait d’AVC.

Les résultats sont sans appel : les participants ayant déclaré se sentir seuls lors de deux évaluations espacées de 4 ans présentaient un risque 56% plus élevé de faire un AVC, par rapport à ceux qui se disaient peu ou pas du tout seuls. Même les personnes ayant connu une période de solitude suivie d’une amélioration de leur situation sociale étaient encore 25% plus susceptibles d’avoir un AVC. Ces chiffres soulignent l’importance de prendre au sérieux le sentiment de solitude, y compris lorsqu’il semble s’être résorbé. Les effets néfastes de la solitude sur la santé cardiovasculaire peuvent en effet persister bien après que la situation sociale se soit améliorée.

Les mécanismes qui relient solitude et AVC

Plusieurs processus physiologiques, comportementaux et psychosociaux peuvent expliquer le lien entre solitude et risque accru d’AVC.

Sur le plan physiologique, la solitude chronique a été associée à une inflammation élevée, une réduction de l’immunité et une suractivité de l’axe du stress. Ces perturbations peuvent favoriser le développement de problèmes cardiovasculaires tels que l’hypertension artérielle.

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Sur le plan comportemental, les personnes souffrant de solitude ont tendance à adopter des habitudes malsaines : sédentarité, alimentation déséquilibrée riche en aliments ultra-transformés, consommation excessive d’alcool ou de tabac, mauvaise observance des traitements médicaux, et troubles du sommeil. Tous ces facteurs de risque cardiovasculaire sont exacerbés par la solitude.

Enfin, sur le plan psychosocial, l’incapacité à nouer et maintenir des relations sociales satisfaisantes peut engendrer des difficultés interpersonnelles à long terme, lesquelles sont elles-mêmes susceptibles d’affecter la santé cardiovasculaire. Le sentiment de ne pas être compris ou soutenu peut être un fardeau émotionnel lourd à porter au quotidien.

L’âge, un facteur de risque supplémentaire

Bien que la solitude puisse toucher des personnes de tous âges, certaines tranches d’âge semblent plus vulnérables. Ainsi, les jeunes adultes de 18 à 22 ans constituent le groupe le plus à risque, à la fois de solitude et d’isolement social. Ils sont également plus susceptibles de souffrir d’anxiété et de dépression, deux autres facteurs de risque cardiovasculaire. Cependant, avec le vieillissement de la population, la solitude chez les personnes âgées devient également une préoccupation majeure. Les personnes âgées peuvent se retrouver isolées suite à des événements de vie tels que le veuvage, la retraite ou l’éloignement géographique de leur famille. Leur santé cardiovasculaire est alors d’autant plus fragilisée par la solitude.

Agir contre la solitude pour préserver sa santé

Face à ce constat alarmant, il est crucial de s’attaquer au problème de la solitude, non seulement au niveau individuel mais aussi collectivement. Des initiatives et des ressources existent pour aider les personnes souffrant de solitude à tisser de nouveaux liens sociaux.
Au niveau médical, les professionnels de santé sont encouragés à dépister régulièrement la solitude chez leurs patients et à les orienter vers les solutions appropriées. Certains envisagent même de « prescrire » des interactions sociales, à l’instar de traitements médicamenteux.

Mais la lutte contre la solitude ne peut se résumer à une prise en charge individuelle. Des facteurs structurels et sociétaux, tels que les inégalités socioéconomiques ou les défis liés à l’appartenance ethnique ou géographique, peuvent également contribuer à l’isolement social. C’est à l’échelle de la société tout entière que des changements doivent être opérés pour s’attaquer aux racines du problème.

Prendre la solitude au sérieux pour préserver sa santé

La solitude n’est pas un problème anodin. Au-delà du mal-être qu’elle engendre, elle peut avoir de graves répercussions sur la santé physique, en particulier sur le risque cardiovasculaire. Les personnes souffrant de solitude chronique présentent un risque accru d’accident vasculaire cérébral, un constat alarmant qui doit nous pousser à agir. Que ce soit par le biais d’un suivi médical, de l’accès à des ressources communautaires ou de changements sociétaux plus profonds, il est essentiel de s’attaquer au fléau de la solitude pour préserver la santé et le bien-être de tous. Seule une approche globale, impliquant à la fois les individus et la société, permettra de relever ce défi majeur de santé publique.

 

 

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François Lehn

François Lehn, journaliste science/santé depuis 20 ans, auteur, il a notamment été la "Plume" et l'assistant du Pr David Servan-Schreiber.

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