Femmes, prenez soin de votre cœur

Les maladies cardiovasculaires  sont devenues la première cause de décès chez les femmes, devant le cancer. Cette situation est en grande partie liée à l’hygiène de vie, l’alimentation et la sédentarité qui se développent. Le manque d’information joue aussi à plein contre la santé cardiovasculaire des femmes. Prendre son cœur en main est devenu vital.

En matière de prévention des maladies cardiovasculaires, le corps médical s’est toujours plus soucié des hommes, considérés comme toutes premières cibles de ces maladies. Les femmes, elles, étaient censées être naturellement protégées par leurs hormones jusqu’à la ménopause, et semblaient miraculeusement échapper aux problèmes cardiovasculaires.  Même après la cinquantaine, elles en entendaient fort peu parler.

Mais la situation n’est pas folichonne, il y a même une urgence de santé publique : les maladies cardiovasculaires sont aujourd’hui devenues la première cause de décès féminin et les tuent plus que les hommes. Sur 147 000 décès annuels par pathologie cardiovasculaire, 54 % sont des femmes. Les diverses maladies cardiovasculaires sont en effet responsables de huit fois plus de morts que le cancer du sein, auquel on dédie chaque année un mois entier d’information. Résultat : la majorité des femmes restent inconscientes des risques, bien réels, encourus par leur muscle cardiaque et manquent de vigilance.

Des chiffres inquiétants

Alors que le nombre d’infarctus du myocarde a baissé chez les hommes dans toutes les classes d’âge (– 5,3% chez les 35-44 ans et – 8,2 % chez les 45-54 ans), il progresse fortement chez les femmes : + 14,6 % chez les 35-44 ans et + 17,9 % chez les 45-54 ans. En vingt ans, ce chiffre a même été multiplié par trois chez les femmes de moins de 50 ans (passant de 4 % en 1995 à 11 % en 2015) et, en France, plus d’une femme sur trois mourra d’un accident cardiovasculaire. Ces pathologies représentent d’ailleurs de manière plus large, en Europe, 42 % des décès contre 27 % pour les cancers. En tête, l’infarctus (18 %), puis l’AVC (14 %) et les autres pathologies vasculaires (10 %).

Tabac, sédentarité, stress,.. les facteurs de risque à surveiller

Si les hormones féminines (œstrogènes) protègent en théorie le système cardiovasculaire féminin avant la ménopause (notamment en préservant la souplesse des artères), ces bénéfices physiologiques se sont vus très sérieusement amoindris dans la réalité, voire annulés, par une hygiène de vie qui s’est détériorée ces dernières décennies et est devenue semblable à celle des hommes. Principal coupable : le tabac, toute première cause d’infarctus avant 40 ans (sans signe annonciateur ni autre facteur de risque associé) et qui multiplie par trois le risque d’AVC en ne fumant que quatre cigarettes par jour. Sont aussi pointés du doigt l’obésité (croissante, pourvoyeuse de diabète, d’hypertension artérielle, de dyslipidémie et donc de risque coronarien), la sédentarité et le diabète, pathologie en nette augmentation et qui accroît de trois à sept fois le risque cardiovasculaire chez la femme (contre seulement deux à trois fois chez l’homme). L’isolement et la précarité sont également en cause, vecteurs de manque de soins et de surveillance. Quant au stress, facteur principal d’un tiers des infarctus, il ne doit surtout pas être négligé, d’autant qu’il est désormais prouvé que les femmes y résistent moins bien que leurs compagnons.

Cette mauvaise hygiène de vie vient s’inscrire sur une réelle fragilité féminine, liée à une physiopathologie spécifique : leurs artères sont plus fines (et se rigidifient et s’épaississent rapidement avec la ménopause), elles fabriquent plus facilement des caillots, leurs plaques d’athérome sont morphologiquement différentes (et davantage soumises à l’érosion), elles présentent plus de dissections coronaires spontanées (compression-occlusion, voire rupture de l’artère)…

Des symptômes méconnus et souvent ignorés

En cas d’accident aigu, la disparité est encore bien présente. En cause, les symptômes chez la femme, qui ne sont pas forcément « typiques » comme chez l’homme (douleur dans la poitrine irradiant dans le bras gauche et la mâchoire) et peuvent facilement passer inaperçus par celle-ci ou être mal interprétés et négligés par le corps médical : forte fatigue, essoufflement, difficultés à respirer (signes qui peuvent évoquer l’angoisse, l’anxiété, voire la dépression), mais aussi nausées, vomissements, sueurs, douleurs dans l’estomac (signes qui peuvent être pris pour des troubles digestifs). Cette méconnaissance des femmes elles-mêmes et leur sous-estimation de la douleur font qu’elles mettent plus de temps à consulter les services d’urgences ou à appeler le Samu, d’où un retard de diagnostic et de traitement, ce qui augmente le risque de mortalité.

Des mesures simples mais efficaces

La quasi-totalité (90 % environ) des facteurs de risque sont en effet modifiables, d’où la nécessité d’une information « active » auprès des femmes, qui fait d’ores et déjà partie des priorités de la Fédération française de cardiologie.

– L’arrêt du tabac, impératif à tout âge, permet de réduire d’un tiers le risque cardiovasculaire à deux ans et complètement à cinq ans.

– Une alimentation faible en fruits et légumes étant responsable de 14 % des infarctus du myocarde, il est particulièrement recommandé d’augmenter la dose de végétaux, qui tout à la fois protègent les cellules vasculaires et myocardiques (notamment grâce à la vitamine K, vasodilatatrice) et participent de la lutte contre le surpoids et l’obésité.

– La lutte contre la sédentarité (responsable de 12 % des infarctus) est également un atout majeur, pour ses bienfaits sur le cœur (un muscle qu’il faut entraîner), sur le poids et l’hypertension artérielle. Une activité physique modérée (l’équivalent de trente minutes de marche rapide cinq fois par semaine) réduit ainsi de moitié le risque cardiovasculaire.

– Stress et facteurs psychologiques (dépression, anxiété), il est important de les soulager par l’activité sportive, mais aussi toute discipline ou thérapeutique efficace : thérapies comportementales et cognitives, sophrologie, cohérence cardiaque, yoga, méditation…

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Hélène Leroy
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