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Obésité et syndrome métabolique affectent le risque de cancer du sein

Une nouvelle étude approfondie a révélé que ces deux conditions ont des impacts distincts sur le risque et la mortalité liés au cancer du sein.

Le cancer du sein représente l’un des plus grands défis de santé publique auxquels les femmes sont confrontées aujourd’hui. Bien que les progrès médicaux aient permis d’améliorer les taux de survie, la prévention de cette maladie reste une priorité majeure. Deux facteurs de risque importants ont récemment fait l’objet d’une attention particulière : l’obésité et le syndrome métabolique. Une nouvelle étude approfondie a révélé que ces deux conditions ont des impacts distincts sur le risque et la mortalité liés au cancer du sein.

Méthodologie de l’étude

Cette recherche de grande envergure a suivi 63 330 femmes ménopausées pendant près de 20 ans, dans le cadre de l’initiative Women’s Health Initiative. Les scientifiques ont évalué l’incidence du cancer du sein, la mortalité, les décès après un diagnostic de cancer du sein et le statut des récepteurs hormonaux. Ils ont également mesuré l’indice de masse corporelle (IMC) et calculé un score de syndrome métabolique en fonction de la circonférence de la taille, de la glycémie, de la tension artérielle et du cholestérol.

Résultats clés

Les résultats de cette étude sont révélateurs. Après ajustement pour l’IMC, un score de syndrome métabolique élevé (3-4) a été associé à un plus grand nombre de cancers du sein de mauvais pronostic, c’est-à-dire positifs pour les récepteurs des œstrogènes (RE) et négatifs pour les récepteurs de la progestérone (RP). Un score métabolique élevé a également été lié à une augmentation de 53% de la mortalité après un diagnostic de cancer du sein et de 44% de la mortalité spécifique au cancer du sein.

D’un autre côté, après ajustement pour le score de syndrome métabolique, l’obésité a été associée à un plus grand nombre de cancers du sein dans l’ensemble, y compris des cancers de meilleur pronostic, positifs pour les RE et les RP. L’obésité a été associée à une mortalité accrue après un diagnostic de cancer du sein, mais seulement chez les femmes présentant une obésité sévère.

Implications pour la prévention du cancer du sein

Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte à la fois l’obésité et le syndrome métabolique dans la gestion du risque de cancer du sein. Bien que l’obésité soit plus étroitement liée à l’incidence du cancer du sein, le syndrome métabolique semble avoir un impact plus important sur la mortalité liée à cette maladie.
Les auteurs de l’étude ont souligné que l’adoption d’un régime alimentaire faible en gras pourrait réduire la mortalité par cancer du sein, en particulier chez les femmes présentant davantage de composantes du syndrome métabolique, telles que l’obésité, l’hypertension artérielle, une glycémie élevée et des anomalies du bilan lipidique.

Rôle des médecins de soins primaires et des gynécologues

Les médecins de soins primaires et les gynécologues jouent un rôle essentiel dans la prévention du cancer du sein. Ils sont idéalement placés pour aborder les stratégies de prévention avec leurs patientes, en mettant l’accent sur l’importance du contrôle du poids, de la tension artérielle, de la glycémie et du bilan lipidique.
Comme le souligne l’un des experts interrogés, il est important de se concentrer sur le contrôle à long terme de ces paramètres métaboliques, quelle que soit la méthode utilisée (régime alimentaire, activité physique, médicaments). En effet, c’est la durée de ce contrôle qui semble être le facteur le plus déterminant pour réduire le fardeau du cancer du sein.

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Rôle des traitements ciblés

Au-delà des interventions sur le mode de vie, les traitements ciblés pourraient également jouer un rôle important dans la gestion du risque de cancer du sein chez les femmes atteintes d’obésité ou de syndrome métabolique. Certains médicaments utilisés pour traiter le diabète ou l’hypertension, par exemple, ont montré des effets bénéfiques sur le risque de cancer du sein. De même, les thérapies qui visent spécifiquement à réduire l’inflammation, un mécanisme commun à l’obésité, au syndrome métabolique et au cancer du sein, pourraient s’avérer particulièrement prometteuses.

Importance de la recherche sur les disparités

Les résultats de cette étude soulignent également l’importance de se pencher sur les disparités en matière de cancer du sein. Les auteurs ont notamment noté que les femmes noires présentent une prévalence plus élevée de cancers du sein triple négatifs agressifs et d’obésité sévère. Il est essentiel de mieux comprendre les facteurs sociaux, économiques et culturels qui influencent ces disparités afin de développer des stratégies de prévention et de traitement adaptées à tous les groupes de population. Une approche équitable et inclusive sera cruciale pour réduire le fardeau du cancer du sein dans son ensemble.

Cette étude approfondie démontre que l’obésité et le syndrome métabolique ont des impacts différents sur le risque et la mortalité liés au cancer du sein. Bien que l’obésité soit associée à une incidence plus élevée, le syndrome métabolique semble avoir un effet plus important sur la mortalité spécifique au cancer du sein.
Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte ces deux facteurs de risque dans la gestion du cancer du sein, en mettant l’accent sur des stratégies de prévention ciblées. Les médecins de soins primaires et les gynécologues jouent un rôle essentiel dans cette démarche, en collaborant étroitement avec leurs patientes pour contrôler durablement les paramètres métaboliques.

Enfin, la recherche sur les disparités en matière de cancer du sein doit rester une priorité, afin de développer des approches équitables et inclusives pour réduire le fardeau de cette maladie dans tous les groupes de population.

 

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François Lehn

François Lehn, journaliste science/santé depuis 20 ans, auteur, il a notamment été la "Plume" et l'assistant du Pr David Servan-Schreiber.

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