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Dossier

Médecine Traditionnelle Chinoise : les secrets de santé millénaires venus d’Asie

Hélène Leroy

La médecine Chinoise commence à être de mieux en mieux connue et appréciée en Occident. Notamment en raison de la popularité de l’acuponcture et des résultats reconnus dans le traitement de certaines pathologies chroniques : allergies, douleurs articulaires, maux de tête,  mais aussi des troubles psychiques et des états anxieux. Cette médecine nous apprend également que nos états d’esprit, nos émotions, joies, tristesse, colère, peur, sont en germe dans nos organes.

La médecine chinoise est liée à une philosophie selon laquelle l’homme et l’univers forment un tout et une unité organique. Il existe une correspondance entre l’homme et l’univers qui se traduit par le concept de globalité. Tout phénomène dans l’univers et dans l’homme est la conséquence de l’énergie unique le « Qi » qui se manifeste à travers deux entités : le yin et le yang et par le mouvement des 5 éléments : Eau, Bois, Feu, Métal, Terre.

Le « Qi » (littéralement : souffle) constitue tout ce qui existe dans l’univers, il est invisible, en mouvement, en transformation permanente. Il anime et meut aussi bien le vent que le soleil ou les étoiles. Il imprègne et fait croitre les plantes, permet la reproduction des êtres vivants et transforme toute chose jusqu’à leur fin et leur recommencement.

Dans le corps, le Qi soutient aussi bien les fonctions du corps que de l’esprit : marcher, digérer, dormir, penser ou ressentir, il propulse, réchauffe, défend, contrôle et transforme. Ce souffle vital, associé au sang, circule en permanence dans tout le corps, à travers un réseau immatériel, mais précis, de canaux appelés méridiens. Sur le chemin que tracent les méridiens se trouvent des points affleurant sur la peau, appelés points d’acupuncture, à partir desquels on peut en régulariser le débit.

Lorsque le Qi est en quantité suffisante et que le sang circule bien, l’organisme est en bonne santé et la pensée est claire. A contrario, lorsque l’énergie et  le sang stagnent, sont contraints ou bloqués, on se sent faible, lourd, sans vitalité et les pensées sont grises.

Yin et Yang : tout est question  d’équilibre

L’équilibre n’est jamais statique, mais constamment en mouvement entre les deux forces opposées, complémentaires et interdépendantes que sont le yin et le yang. Le symbole du tai chi résume bien la relativité du yin yang, l’unité des aspects opposés, l’interdépendance, la croissance-décroissance, la transformation.

(représenté dans le symbole du Tao). Le yin et le yang sont toujours en relation dynamique : lorsque l’un croît, l’autre décroît. Dans tous les cycles naturels, le yin et le yang se succèdent sans cesse, comme le jour succède à la nuit, l’action au repos, l’inspiration à l’expiration.

Chacune des deux forces a ses caractéristiques propres, au yin correspond la terre, le froid, les organes, le sang, le dessous par rapport au dessus, l’intérieur par rapport à l’extérieur, la face interne par rapport à la face externe.  Il se retrouve dans tout ce qui est passif, profond ou humide.  Au plan de l’esprit, il est propice à la méditation, à l’introspection et au calme intérieur. Au yang correspond le ciel, le feu, la chaleur, l’énergie, les entrailles, la face postérieure du corps, la surface de la peau. Le yang désigne plus généralement les forces dynamiques, la lumière, la surface et le sec. Sur le plan de l’esprit, il permet une conscience claire, un esprit vigoureux et une perception aiguë.

Quand l’un vient à faiblir ou à manquer, l’autre prend le dessus. Dans le corps, le déséquilibre se manifeste alors par des symptômes. Par exemple, un manque de Yang va pouvoir se traduire par un teint pâle, de la frilosité, (pâleur, froideur, mollesse étant des caractéristiques Yin).

Les 5 organes: les associations dynamiques

Dans quelque phénomène que ce soit, l’alternance entre l’état yin et l’état yang ne se fait pas instantanément, mais par un processus dynamique constant de transformation. Les Chinois ont déterminé 5 phases-clés de ce processus, appelées mouvements. Les 5 mouvements se donnent vie dans un ordre précis, selon le principe d’engendrement : le Bois engendre le Feu, qui engendre la Terre, qui engendre le Métal, qui engendre l’Eau, qui engendre le Bois et ainsi de suite dans un mouvement circulaire permanent.

Chacun des 5 mouvements possède sa propre énergie de croissance ou de décroissance et est associé à une saison, un organe, une émotion, une saveur ou une couleur :

Au Bois est associé le printemps, le foie, la colère, l’acide, le vert

Au FEU est associé  l’été, le cœur, la joie, l’amer, le rouge

A la Terre est associé la fin de l’été,  la rate, la réflexion, le doux, le jaune

Au Métal est associé l’automne, le poumon, la tristesse, le piquant, le blanc

A l’Eau est associé l’hiver, la vessie, la peur, le salé, le noir.

Cette loi d’engendrement d’un mouvement vers un autre peut se figurer simplement :

Le bois engendre le feu, le feu engendre la terre (le feu réduit en cendres, la cendre se mêle à la terre), la terre engendre le métal (les métaux naissent dans les entrailles de la terre), le métal engendre l’eau (tout métal peut être fondu, devenir liquide et l’eau représente les liquides en général), l’eau enfin engendre le bois (l’eau est nécessaire à la croissance des végétaux).

Parallèlement aux mouvements d’engendrement vient s’ajouter un principe de contrôle. Il fonctionne dans le même sens, mais non linéairement : l’Eau contrôle le Feu, qui contrôle le Métal, qui contrôle le Bois, qui contrôle la Terre, qui contrôle l’Eau.

A  nouveau, on peut se le figurer simplement : le Bois étouffe la Terre,
la Terre sèche l’Eau,l’Eau éteint le feu, le Feu fond le Métal et le Métal tranche le bois.

Les mouvements d’engendrement et le principe de contrôle forment un ensemble qui maintient le système à l’équilibre. Une perturbation dans l’une des énergies va perturber l’ensemble, mais c’est aussi par ce système de correspondance que l’on va pouvoir rétablir l’équilibre.

Pour illustrer concrètement ce système, prenons un exemple avec une saveur :

la saveur piquante modérée (Métal) nourrit l’énergie du poumon. Mais en excès, elle provoque une réaction nocive sur les poumons (pouvant générer de la tristesse, élément Métal) et le foie (Bois). Pour rééquilibrer l’ensemble, il faut compenser par une saveur acide (Bois). On peut également disperser une énergie stagnante dans les poumons et la tristesse qui est liée par une marche dans la nature, au contact du bois, de toucher du bois, et de laisser l’énergie vivifiante et tempétueuse de la création avec un pinceau ou un stylo (en Bois) nous guider.

Autre possibilité, on a vu que le Feu domine le Métal. Dans un cycle harmonieux, la joie du coeur (Feu) contrôle les excès de tristesse (Métal) qui pourrait nuire à l’énergie du poumon. Cette correspondance peut se traduire dans une pratique telle que le Tai Chi ou le QI Gong par la pratique d’exercices avec un sourire intérieur pour garder une joie interne et dissiper la tristesse.

La santé a 5 piliers

Pour assurer le bien-être chez les humains, la Médecine traditionnelle chinoise a recours à 5 pratiques principales. L’acuponcture n’est qu’une facette des cinq piliers de la santé selon cette tradition, les quatre autres sont la diététique, la phytothérapie, le chi qong et le massage.

L’acupuncture

Les textes médicaux chinois  ancestraux disent que le corps humain est parcouru par des lignes énergétiques nommées méridiens, il y en a douze principaux, chacun correspondant à un organe, une viscère ou un état intérieur. Par l’intermédiaire de points situés sur leur trajet, que l’acupuncteur va piquer, il va pouvoir agir directement sur les organes visés (poumon, vessie, cœur, etc.). En fonction du diagnostic et des énergies en excès ou en stagnation, les aiguilles utilisées vont soit tonifier l’énergie, soit la dissiper, rééquilibrant ainsi l’ensemble et faisant disparaître les symptômes.

La phytothérapie

La phytothérapie Chinoise est aussi vieille que l’acupuncture. Elle utilise actuellement plus de quatre cents espèces végétales. Le traitement va consister comme en Occident, en la prise de mélanges composés de racines, d’écorces ou de feuilles sous forme de décoction ou de pilules. Mais en Médecine Traditionnelle Chinoise, le choix des plantes ne se fait pas en fonction des principes actifs des plantes mais en raison de la qualité énergétique  de chaque plante: froide, fraiche, chaude ou tiède. Chaque plante étant donc choisie en fonction de sa qualité énergétique et des besoins de tonification ou de dispersion des énergies chez chaque patient.

Le Massage

Le massage, dit Tui-Na, vise surtout à corriger les altérations de la mobilité articulaire. Toute diminution d’amplitude des articulations consomme de l’énergie et freine son passage, facilitant l’installation des maladies. Par des manipulations, des vibrations, des frictions, donnés par les doigts, les paumes de mains, les coudes, le masseur va chercher à redonner l’amplitude maximale aux membres et articulations secondaires. Si un état intérieur peut entrainer une crispation, comme une tension ou un stress peut entrainer une cervicalgie, de la même façon, on peut induire une détente intérieure en venant masser le corps.

La diététique

Les règles d’hygiène alimentaire de base n’ont pas changé en Chine depuis des millénaires. Elles ont pour base les soupes. Non seulement en raison de la facilité à les réaliser mais mieux, le  principe des soupes est de laisser baigner longtemps des plantes, des légumes, de la viande de telle sorte que l’énergie interne de chaque composant se retrouve mélangé aux autres et constitue ainsi une première source de traitement, curatif ou de maintient en bonne santé. Le principe de la soupe est également à le point de départ de la pharmacopée. Par ailleurs, comme nous l’avons vu chaque organe est lié à une saveur. On peut donc induire un effet énergétique voulu en privilégiant telle ou telle saveur : piquante, acide, salée…etc.

La Gymnastique Chi kong

Le Chi-gong est un ensemble de mouvements codifiés qui permet de maîtriser l’énergie vitale pour atteindre l’équilibre du corps et de l’esprit. Il est très apprécié par les médecins chinois car chaque posture a une vocation thérapeutique précise. Elles permettent notamment de diriger l’énergie dans le corps vers tel ou tel organe, de faire circuler l’énergie le long des méridiens et de recréer un équilibre ,en l’homme, entre ciel et terre.

Calme de l’esprit, concentration, harmonie

Dans la pensées thérapeutique Chinoise, l’homme n’est non seulement pas séparé de l’univers, mais il est un microcosme parfait des forces et pouvoirs du macrocosme.

Les saisons, les couleurs, les saveurs ont une résonnance réelle en chacun de nous et vont gouverner la santé et les états d’esprit. L’esprit, les pensées qui le traversent ou qui s’y installent dans des obsessions, les états d’âme ou états de conscience ne sont finalement que l’affleurement à la surface de l’état des organes.

La théorie des 5 mouvements s’applique concrètement aux tempéraments de toute personne et à sa dynamique comportementale propre.  Par exemple, les tempéraments Bois  possèdent une énergie expansive et sont stimulés par le défi et l’action. Ils sont nourris par les types Eau, et sont nourrissants pour les types Feu, mais entrent facilement en conflit avec les types Terre et Métal. Les tempérament Bois auront le foi fragile et seront facilement sujet à la colère. Comme c’est le cas dans tout autre système de classification des tempéraments, aucun individu ne correspond à un type pur. Il est un peu de chacun, dans un équilibre particulier, avec une prédominance plus ou moins accentuée.

Pour les types Feu mais aussi pour toute personne tournée vers la méditation et la recherche du calme de l’esprit, la demeure de l’esprit étant le cœur, pour garder un esprit calme et serein, comme dans sa propre demeure, il conviendra d’éviter l’agitation cardiaque, donc d’éviter l’accumulation d’émotions. Comme le cœur est lié au Feu, par précaution, on ne va tout simplement pas rajouter du feu au Feu, de la même façon que l’on ne va pas donner de Bois au Feu. A contrario, on va tâcher de nourrir l’Eau des reins, pour rafraichir le Feu du cœur. Ou activer le Métal, c’est à dire la respiration, pour contrôler le Bois et ainsi éviter d’alimenter le Feu. On pourra également utilement nourrir la Terre, c’est à dire la réflexion,  par la lecture ou la méditation ce qui permet de désengorger le Feu du cœur et de calmer l’esprit.

Le traitement préventif des maladies occupe une place essentielle dans la médecine Chinoise. Il consiste  à renforcer l’énergie du corps afin d’empêcher l’envahissement du corps par les énergies dîtes pervers.

Il se résume en quelques grands principes:

– se conformer aux lois de la nature

– préserver le physique et l’esprit

– respecter un équilibre entre repos et activité

– adopter une alimentation adaptée à la saison, prise à heures régulières et préparée convenablement

– mener une vie quotidienne adaptée à la saison (moins travailler l’hiver que l’été)

Voilà peut-être que par la Médecine Traditionnelle Chinoise, l’Orient propose une piste bien utile pour toute personne n’ayant jamais tenté de trouver un équilibre entre le cœur et la raison, l’émotion et la réflexion.

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