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Kinésiophobie : un obstacle courant qui empêche la rééducation

Margot Fontenive

Il est assez courant pour les personnes souffrant de douleurs d’éviter les exercices de rééducation par réticence à supporter l’inconfort qu’ils entraînent. Toutefois, lorsque cet évitement devient pathologique, il est qualifié de kinésiophobie.  De nombreuses personnes souffrant de douleurs chroniques développent ce type de comportement d’évitement dans le but de minimiser l’exposition à une douleur supplémentaire ou à une nouvelle blessure.

La kinésiophobie se rencontre le plus souvent chez les patients souffrant de douleurs à long terme, comme les lombalgies, pour lesquelles le mouvement peut produire des symptômes douloureux puissants ou même aggraver une blessure.  Dans la plupart des cas, bien qu’il existe un risque raisonnable de douleur, le risque d’aggraver une blessure ou une affection existante est minime. C’est pourquoi la kinésiophobie est définie comme une peur excessive ou irrationnelle du mouvement.

Les effets de la kinésiophobie.

La kinésiophobie peut produire une grande variété d’effets physiques et psychologiques.  La nature et la gravité de ces effets peuvent dépendre de divers facteurs, dont l’intensité des symptômes de la douleur, la durée de l’état douloureux et l’accès à une thérapie physique efficace. Parmi les conséquences possibles d’une kinésiophobie non traitée figurent les suivantes :

  • Amplitude de mouvement limitée  :

Comme les personnes souffrant de kinésiophobie ne sont pas disposées à faire des exercices d’étirement et de renforcement, elles présentent souvent une amplitude de mouvement inférieure à celle des personnes souffrant de douleurs chroniques comparables.

  • Coordination motrice déformée :

De nombreuses personnes qui craignent certains types de mouvements peuvent compenser en adoptant un mouvement modifié. Cela peut produire une tension non conventionnelle sur les tissus articulaires et les muscles. Ce qui peut entraîner des douleurs ou des problèmes de santé secondaires.

  • La catastrophisation de la douleur :

L’un des plus grands défis du traitement de la kinésiophobie est d’atténuer l’intensification des symptômes. Étant donné que les voies neuronales qui régissent la peur et la douleur se chevauchent, la peur de la douleur peut faire en sorte que des stimuli, même modestes, semblent bien pires qu’ils ne le sont en réalité.

  • Diminution de la qualité de vie :

En raison d’une peur presque paralysante du mouvement, de nombreuses personnes souffrant de kinésiophobie sont fortement limitées dans leur capacité à effectuer les activités les plus simples. Une fonctionnalité limitée entraîne souvent une diminution de l’indépendance, voire une invalidité. Ce qui peut avoir un impact considérable sur la qualité de vie.

  • Douleur accrue :

Bien qu’elles essaient d’éviter une douleur accrue en limitant leurs mouvements, les personnes souffrant de kinésiophobie ressentent souvent une douleur accrue en raison de la désuétude et de l’incapacité. Les articulations et les muscles peuvent s’atrophier et se raidir, rendant même les mouvements quotidiens plus difficiles et douloureux. Cette désuétude peut entraîner des problèmes de santé secondaires douloureux, voire une nouvelle blessure.

Comment traiter la kinésiophobie ?

Le traitement de la kinésiophobie peut être une tâche complexe. La kinésiophobie est le plus souvent diagnostiquée au cours d’une thérapie physique, mais elle peut nécessiter une approche pluridisciplinaire.  Bien qu’il puisse y avoir des obstacles physiques à la rééducation, comme un gonflement, des tissus cicatriciels ou une gêne intense, le principal problème pour la plupart des personnes souffrant de kinésiophobie est la peur écrasante de la douleur imminente.

Il existe des techniques qu’un kinésithérapeute peut employer pour apaiser cette peur. Néanmoins, dans certains cas où la kinésiophobie est débilitante, il peut être nécessaire d’inclure un psychothérapeute dans le traitement. Une fois que le patient est en mesure de gérer la douleur, la thérapie physique peut alors se dérouler sans entrave.

Voici quelques techniques thérapeutiques courantes pour la kinésiophobie :

Démêler douleur et blessure :

L’une des principales raisons pour lesquelles de nombreux patients veulent éviter la douleur est de prévenir une autre blessure. Certes, de nombreuses personnes souffrant de kinésiophobie associent à tort toutes sortes de douleurs à des dommages corporels. Ces patients doivent être sensibilisés au fait que la douleur est parfois bénéfique. Dans certains cas, il peut être nécessaire de faire appel à un thérapeute pour conseiller le patient.

Associer le mouvement au plaisir :

Un moyen important de surmonter la peur du mouvement est de l’associer au plaisir.  Il ne s’agit pas nécessairement d’une activité physique. Vous pouvez plutôt travailler avec un professionnel de la santé pour imaginer des mouvements agréables. Comme marcher sur une plage ou jouer de votre instrument de musique préféré. Vous devez essayer d’imaginer tous les détails d’une telle activité, y compris les mouvements des articulations et des muscles, afin de pouvoir attendre avec impatience le mouvement réel.

Analgésiques :

Dans certains cas, il peut être approprié d’utiliser des analgésiques pour limiter les symptômes de la douleur pendant la thérapie physique. Au départ, ce régime médicamenteux devrait se limiter à des analgésiques anti-inflammatoires en vente libre. Mais certains médecins peuvent avoir recours à des opioïdes sur ordonnance si nécessaire.

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