Étude : un régime riche en sel peut exacerber les maladies auto-immunes
Cette étude souligne l'importance cruciale d'un régime alimentaire équilibré, en particulier en ce qui concerne l'apport en sel.

Les maladies auto-immunes sont un défi de santé majeur, affectant des millions de personnes dans le monde. Parmi ces affections, la sclérose en plaques (SEP) est l’une des plus connues et des plus dévastatrices. Récemment, une étude approfondie a mis en lumière un lien fascinant entre l’apport élevé en sel dans l’alimentation et le développement potentiel de ces maladies auto-immunes.
Rôle essentiel des cellules T régulatrices
Les maladies auto-immunes sont étroitement liées à un dysfonctionnement des cellules T régulatrices, un type de globule blanc qui supprime normalement les réactions immunitaires contre les propres tissus de l’organisme. Lorsque ces cellules T régulatrices ne fonctionnent pas correctement, elles peuvent conduire au développement de la SEP et d’autres maladies auto-immunes.
Les cellules T peuvent être classées en deux grands groupes en fonction de l’expression de la protéine CD4+ ou CD8+. Les cellules T CD4+ peuvent être davantage subdivisées en cellules T régulatrices et cellules T conventionnelles.
Les cellules T conventionnelles activent la réponse immunitaire contre les cellules infectées ou cancéreuses. À l’inverse, les cellules T régulatrices dans le sang suppriment l’activité des cellules T conventionnelles contre les cellules saines, réduisant ainsi les dommages collatéraux.
Dysfonctionnement des cellules T régulatrices
Des études ont montré que, dans la sclérose en plaques, les cellules T régulatrices présentent un dysfonctionnement, entraînant une diminution de leur fonction suppressive. Cependant, les voies moléculaires à l’origine de ce dysfonctionnement des cellules T régulatrices restaient mal comprises jusqu’à présent.
Identification d’une voie moléculaire clé
Une récente étude publiée dans la revue Science Translational Medicine a identifié une voie moléculaire commune aux cellules T régulatrices qui était altérée chez les personnes atteintes de sclérose en plaques et d’autres maladies auto-immunes. Cette découverte a permis de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents au dysfonctionnement des cellules T régulatrices dans ces affections.
Rôle de PRDM1-S et SGK-1
Les chercheurs ont constaté que l’expression du gène PRDM1, qui encode la protéine BLIMP1, était fortement augmentée dans les cellules T régulatrices mémoires chez les personnes atteintes de sclérose en plaques. De plus, l’expression du gène SGK-1 était positivement corrélée à celle de PRDM1-S, une forme spécifique de PRDM1.
Lien avec l’apport en sel
Fait intéressant, les chercheurs ont également découvert que l’exposition à des concentrations élevées de sodium in vitro entraînait une augmentation de l’expression de PRDM1-S. Cela suggère que l’apport élevé en sel pourrait activer cette voie moléculaire dans les cellules T régulatrices, contribuant ainsi à leur dysfonctionnement.
Ces résultats soulignent le rôle crucial que joue un régime alimentaire trop riche en sel dans l’augmentation du risque de développer des maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques. L’activation de la voie PRDM1-S/SGK-1 semble être un mécanisme clé par lequel un apport élevé en sel peut nuire à la fonction des cellules T régulatrices.
Implications pour le traitement
Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives pour le traitement des maladies auto-immunes. Cibler spécifiquement l’axe PRDM1-S/SGK1 chez les patients susceptibles pourrait permettre d’enrayer et de prévenir l’apparition et la progression de la maladie. Cela pourrait également conduire au développement de nouveaux marqueurs cellulaires pour mieux stratifier les patients et guider les options thérapeutiques.
Au-delà de son implication dans les maladies auto-immunes, le rôle de PRDM1-S mérite d’être davantage étudié dans d’autres types cellulaires. Étant donné son association avec la pathologie des lymphomes et l’infection par le virus d’Epstein-Barr, les chercheurs envisagent d’explorer ses fonctions non seulement dans le contexte de l’auto-immunité, mais aussi dans celui des infections virales et de la progression du cancer.
Cette étude souligne l’importance cruciale d’un régime alimentaire équilibré, en particulier en ce qui concerne l’apport en sel. Un excès de sel pourrait en effet contribuer à l’apparition et à l’aggravation de maladies auto-immunes dévastatrices comme la sclérose en plaques, en perturbant le fonctionnement des cellules T régulatrices. Ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques prometteuses pour mieux prévenir et traiter ces affections invalidantes.