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Ces premiers troubles de mémoires qui peuvent annoncer la maladie d’Alzheimer

Les résultats de cette étude soulignent l'importance de la détection précoce des troubles de mémoire chez les personnes cognitivement saines.

La maladie d’Alzheimer est une affection neurodégénérative complexe qui se caractérise par une détérioration progressive des fonctions cognitives, notamment de la mémoire. Bien que les causes exactes de cette maladie soient encore en cours d’investigation, les chercheurs ont identifié certains signes précoces qui peuvent annoncer son développement. Une récente étude a notamment révélé que des personnes cognitivement saines, mais qui signalent des problèmes de mémoire, présentent déjà des signes précoces de la maladie d’Alzheimer dans leur cerveau. Ces résultats pourraient aider les experts à détecter la maladie plus tôt, permettant ainsi un traitement plus précoce et potentiellement plus efficace.

Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?

La maladie d’Alzheimer est une forme de démence qui affecte progressivement les fonctions cognitives, notamment la mémoire, le langage, le raisonnement et les capacités visuospatiales. Cette maladie neurodégénérative se caractérise par deux principaux signes distinctifs dans le cerveau : les plaques amyloïdes et les enchevêtrements neurofibrillaires.

Les plaques amyloïdes sont des amas de protéines qui s’accumulent entre les neurones, entravant ainsi leur communication. Les enchevêtrements neurofibrillaires, quant à eux, sont des accumulations de protéines tau à l’intérieur des neurones, ce qui perturbe leur structure et leur fonctionnement. Au fur et à mesure que ces processus pathologiques s’intensifient, les neurones finissent par mourir, entraînant une atrophie cérébrale et une détérioration cognitive.

Signes précoces de la maladie d’Alzheimer

Les signes précoces de la maladie d’Alzheimer peuvent être subtils et souvent confondus avec les effets normaux du vieillissement. Cependant, certains symptômes spécifiques peuvent être des indicateurs précoces de la maladie, notamment :

Il est important de noter que ces symptômes ne sont pas nécessairement des signes définitifs de la maladie d’Alzheimer. Ils peuvent également être liés à d’autres affections ou au vieillissement normal. Cependant, il est recommandé de consulter un professionnel de santé si l’on observe ces changements chez soi ou chez un proche.

Liens entre troubles de mémoire et maladie d’Alzheimer

Une récente étude publiée dans la revue Neurology a examiné les liens entre les troubles de mémoire auto-déclarés et les signes précoces de la maladie d’Alzheimer chez des personnes cognitivement saines.

Les chercheurs ont recruté 675 adultes plus âgés, d’un âge moyen de 72 ans, qui ne présentaient pas de déficits cognitifs mesurables. Ils ont demandé aux participants et à leurs proches (enfants, conjoints ou amis) de répondre à des questions sur leurs capacités de mémoire et de cognition, ainsi que sur leur capacité à effectuer les tâches quotidiennes.

Les résultats de l’étude ont révélé que 60% des participants avaient des taux élevés de protéines amyloïdes dans le cerveau, un signe précoce de la maladie d’Alzheimer. De plus, les personnes ayant signalé des problèmes de mémoire présentaient des taux plus élevés d’enchevêtrements neurofibrillaires de protéines tau, un autre marqueur de la maladie.

Fait intéressant, ces associations étaient encore plus fortes chez les participants qui avaient à la fois des taux élevés d’amyloïde et de tau. Cela suggère que les personnes qui signalent des problèmes de mémoire sont plus susceptibles de présenter des signes neurologiques de la maladie d’Alzheimer, même si elles sont cognitivement saines.

Importance de la détection précoce

Ces résultats soulignent l’importance de la détection précoce de la maladie d’Alzheimer. En effet, les traitements seraient plus efficaces s’ils étaient administrés avant l’apparition des symptômes.
Comme l’explique la chercheuse principale de l’étude, Rebecca E. Amariglio, « il est prédit que les traitements administrés dès la forme la plus précoce de la maladie seront les plus efficaces pour ralentir son évolution ». Ainsi, la capacité à détecter les signes avant-coureurs de la maladie, comme les plaintes subjectives de perte de mémoire, pourrait permettre une prise en charge plus précoce et potentiellement plus bénéfique pour les patients.

Facteurs de risque modifiables de la maladie d’Alzheimer

Bien que certains facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer, comme la génétique et l’âge, ne soient pas modifiables, d’autres peuvent être influencés par des changements de mode de vie.
Parmi les principaux facteurs de risque modifiables, on peut citer :

  • Le tabagisme
  • La sédentarité
  • La consommation excessive d’alcool
  • L’hypertension artérielle
  • L’obésité
  • Les maladies cardiovasculaires (AVC, infarctus)
  • La perte auditive non traitée

Ces conditions de santé sont souvent liées à un mode de vie peu sain, caractérisé par le manque d’activité physique, une alimentation déséquilibrée et un stress élevé. En agissant sur ces facteurs, il est possible de réduire significativement le risque de développer la maladie d’Alzheimer.

Importance de l’activité cognitive et sociale

Au-delà des facteurs de risque modifiables liés à la santé physique, les chercheurs soulignent également l’importance de maintenir une activité cognitive et sociale stimulante.
En effet, la stimulation cérébrale joue un rôle crucial dans le maintien des fonctions cognitives. Ainsi, les activités intellectuelles, comme la lecture, les jeux de réflexion ou l’apprentissage de nouvelles compétences, peuvent aider à préserver les capacités mentales.

De même, l’engagement social et les interactions avec les autres sont essentiels pour le bien-être cognitif. L’isolement social est d’ailleurs considéré comme un facteur de risque important pour le développement de la maladie d’Alzheimer.
Il est donc recommandé de rester cognitivement, socialement et physiquement actif dans la mesure du possible, tout en évitant de se surmener. Un équilibre entre stimulation et repos est primordial pour la santé cérébrale à long terme.

Rôle des proches dans la détection précoce

Une autre découverte intéressante de l’étude est le rôle crucial que peuvent jouer les proches dans la détection précoce des troubles de mémoire.

En effet, les chercheurs ont constaté que les partenaires des participants, qu’il s’agisse d’un enfant, d’un conjoint ou d’un ami, étaient souvent en mesure de détecter des changements subtils dans le fonctionnement cognitif des participants, même si ces derniers n’étaient pas encore mesurables sur le plan clinique.

Comme l’explique la chercheuse principale, Rebecca E. Amariglio, « malgré le fait que les participants étaient cognitivement indemnes et fonctionnaient normalement dans leur vie quotidienne, leurs partenaires d’étude étaient encore en mesure de détecter des changements subtils dans la façon dont ils étaient auparavant par rapport à un an, changements qui étaient liés aux biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer. »

Cela souligne l’importance d’impliquer les proches dans le suivi de la santé cognitive et de les encourager à signaler tout changement, même mineur, pouvant être un indicateur précoce de la maladie d’Alzheimer.

Suivi longitudinal et recherches futures

Les chercheurs de cette étude prévoient de poursuivre leurs travaux en réalisant un suivi longitudinal des participants. Cela permettra de mieux comprendre comment évolue la relation entre les plaintes subjectives de mémoire et les signes précoces de la maladie d’Alzheimer au fil du temps.
Ces recherches futures viseront à affiner notre compréhension des mécanismes impliqués dans les stades précoces de la maladie et à identifier des moyens plus précis de détecter les signes avant-coureurs. Cela pourrait, à terme, aider les professionnels de santé à intervenir plus tôt et à mettre en place des stratégies de prise en charge plus efficaces.

Les résultats de cette étude soulignent l’importance de la détection précoce des troubles de mémoire chez les personnes cognitivement saines. Bien que ces symptômes puissent être subtils et facilement confondus avec les effets normaux du vieillissement, ils peuvent en réalité être des indicateurs précoces de la maladie d’Alzheimer.

En identifiant ces signes avant-coureurs, il sera possible d’envisager des traitements plus précoces et potentiellement plus efficaces pour ralentir la progression de la maladie. Le rôle des proches dans la détection de ces changements subtils sera également essentiel dans cette démarche.
Enfin, la poursuite des recherches longitudinales permettra de mieux comprendre l’évolution de ces marqueurs précoces et d’affiner les moyens de dépister la maladie d’Alzheimer dès ses stades les plus précoces. Une meilleure compréhension de ces mécanismes précoces est cruciale pour améliorer la prise en charge et la qualité de vie des personnes atteintes.

Associations Between Self and Study Partner Report of Cognitive Decline With Regional Tau in a Multicohort Study

https://www.neurology.org/doi/abs/10.1212/WNL.0000000000209447

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François Lehn

François Lehn, journaliste science/santé depuis 20 ans, auteur, il a notamment été la "Plume" et l'assistant du Pr David Servan-Schreiber.

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