Avez-vous besoin de contacter la rédaction ? Envoyez vos e-mails à [email protected] ou sur notre formulaire.
Médecine douce

Bouillonner de plaisir » : la Biochimie de l’orgasme

Marie Desange

Le mot « orgasme » vient du grec et signifie littéralement « bouillonner de plaisir ».Plus qu’un simple moment agréable, l’orgasme est un véritable remède contre la douleur, l’anxiété et la morosité. Quand il survient, c’est tout le corps qui se trouve impacté par ses effets. Mais que se passe-t-il réellement avant, pendant et après un orgasme? Que savons-nous des mécanismes physiologiques et biochimiques à l’origine de ce plaisir intense et des émotions qui lui sont associées ?

Les 5 phases du rapport sexuel

L’orgasme est un processus physiologique complexe qui fait intervenir le système nerveux et le système hormonal. Ces systèmes induisent des actions volontaires (baisers, caresses, stimulation…) et des actions involontaires (contraction ou relâchement de certains muscles, sécrétions, modification de la perception sensorielle…). Mais ce moment de plaisir est précédé de plusieurs phases nécessaires à sa mise en place. Dans un ouvrage intitulé « Human Sexual Response », William Masters et Virginia Johnson divisent le rapport sexuel en cinq phases : le désir, l’excitation, le plateau, l’orgasme et la résolution. A chacune de ces phases sont liées des hormones ou des neurotransmetteurs, c’est-à-dire des messagers chimiques qui vont induire des actions et des émotions associées.

Quand la dopamine prend les commandes

Durant les phases du désir, de l’excitation et du plateau, la dopamine est le messager principal. Ce neurotransmetteur a un rôle primordial : il est associé au plaisir mais également au circuit neuronal de la récompense. C’est la dopamine qui nous donne l’envie, la motivation pour initier une relation ou un rapport, y compris si celle-ci nécessite de faire des efforts pour séduire, pour se rendre disponible, pour prendre des « risques ». La dopamine est aussi associée à la confiance en soi et à la diminution de la peur.

Un manque de dopamine engendre une baisse importante de la libido. A l’inverse, un excès de dopamine peut conduire à des comportements compulsifs. Pendant un rapport sexuel, la dopamine est responsable de l’excitation et du plaisir ressentit lors des préliminaires et avant l’orgasme. Son taux augmente graduellement ce qui se traduit par une accélération du rythme cardiaque, une dilatation des pupilles, l’afflux sanguin vers le sexe, la sensibilité accrue au niveau de la peau, des zones érogènes et des organes génitaux.

L’orgasme est lié à une succession de réflexes incontrôlés comme des contractions répétitives de l’utérus ou de la prostate et des muscles pelviens et, chez l’homme, à l’éjaculation. Il est déclenché par une augmentation brusque de la dopamine. Le plaisir et la satisfaction intense ressentis sont proportionnels au pic de dopamine.

Ocytocine, endorphines et prolactine : place à la tendresse

Mais son taux s’effondre aussi rapidement qu’il est monté en flèche pour laisser place à trois autres messagers : l’ocytocine, les endorphines et la prolactine. L’ocytocine est l’hormone qui provoque les réflexes de contraction des muscles lisses pelviens et utérins ainsi que les sécrétions (vaginales chez la femme, éjaculation chez l’homme). Mais l’action de l’ocytocine ne se limite pas à ces actions « mécaniques ». Cette hormone est particulièrement puissante et crée ce sentiment d’attachement et de tendresse entre les deux partenaires. C’est cette hormone qui permet de transformer ce moment de plaisir en moment de partage et de renforcement des liens affectifs. Elle est également associée au sentiment de protection et d’envie de protéger son partenaire.

Les endorphines sont des molécules très puissantes qui procurent une sensation intense de bien-être, de plaisir et d’apaisement. Elles participent à la diminution du rythme cardiaque et à la relaxation. Ce sont ces mêmes endorphines qui sont libérées après un effort intense ou une séance de méditation. Enfin, la prolactine est une hormone libérée par l’hypophyse. Son taux augmente rapidement pendant l’orgasme. Elle participe également à la sensation de bien-être et de plaisir ressenti.

La sérotonine organise le bien-être

Pendant la phase de résolution, le désir s’estompe et laisse place à de nombreuses réactions physiologiques et émotionnelles tels que des pleurs (heureux), des sentiments d’intensité variable comme la de plénitude, la joie ou à l’inverse de regret ou d’échec. Au cours de cette période apparait chez l’homme la phase réfractaire pendant laquelle il est impossible d’avoir une érection. Cette phase est caractérisée par la prédominance de la sérotonine, le neurotransmetteur du bien-être et du bonheur. La libération de sérotonine induit également un ralentissement de l’organisme provoquant parfois l’endormissement.

Que ce soit de la phase du désir à la phase de résolution, les taux de ces messagers chimiques sont extrêmement variables, ce qui explique que d’une personne à l’autre les émotions et l’intensité du plaisir peuvent varier énormément. Mais que vous aillez envie de crier, de griffer, de rire, de pleurer ou de tendresse après un orgasme, vous savez maintenant pourquoi ! Dans un prochain article, je vous expliquerai comment augmenter le bon neurotransmetteur, au bon moment.

Avez-vous trouvé cet article utile?
À lire aussi