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Nutrition

Aliment-réconfort : quand manger est bon pour le moral

Hélène Leroy

Les aliments-réconforts sont à mettre au menu quotidien en cette saison. L’automne est une saison propice aux bons plats mijotés qui embaument la maison et réchauffent l’âme. L’impact positif de ces repas réconfortants sur le moral n’est pas seulement psychologique, mais fait également intervenir une action directe de l’estomac sur certaines zones du cerveau.

Éprouver du plaisir à manger un ali ment est l’aboutissement d’un processus biologique extrêmement complexe qui fait intervenir autant nos sens physiques

que notre mémoire. Dans un premier temps, les stimulations provoquées par l’aspect de l’aliment, son odeur, sa saveur captée par la langue, l’arôme libéré par la mastication ainsi que les sensations tactiles produites dans la bouche créent une véritable « image » de l’aliment. L’ensemble des constituants de cette image est par la suite acheminé vers le cerveau qui, selon la nature de ces signaux et des expériences antérieures, détermine si cet aliment est source de plaisir ou devrait au contraire être évité. En d’autres termes, si les sens de chacun détectent à peu de chose près les mêmes saveurs, l’interprétation de ces saveurs et textures par notre cerveau peut provoquer des effets diamétralement opposés. Le goût et l’émotion suscités par un mets donné sont donc des phénomènes très relatifs, fortement influencés par la culture, l’époque et les expériences de chaque personne.

Aliments-réconfort: souvenirs, plaisir et bon moral

Un des meilleurs exemples de l’importance de ces images mentales associées à la nourriture est sans contredit le plaisir procuré par les aliments-réconforts. Ce sont tous les  aliments familiers, souvent gras ou sucrés, qui suscitent un sentiment de réconfort et de bien-être lorsqu’ils sont consommés. En effet, l’attrait qu’exercent ces aliments n’est pas seulement dû à leur goût délicieux, mais, tout aussi important, à leur capacité à extirper de notre mémoire des odeurs et des souvenirs plaisants du passé, souvent de notre enfance. Cette image positive que nous donnons à nos aliments-réconforts préférés fait en sorte que leur consommation est associée à un plaisir et un sentiment de bien-être largement supérieur à ceux provoqués par un repas standard. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’est pas rare qu’on soit tenté par un aliment-réconfort en période de stress ou de tristesse : très souvent, manger ces aliments remonte le moral.

Aliments-réconforts: la bonne humeur se lit dans le cerveau

Mais est-ce que ces sensations de bien-être associées aux aliments-réconforts sont exclusivement dues à la psychologie ? Pour répondre à cette question, des chercheurs ont eu l’idée d’introduire directement dans l’estomac de volontaires une solution contenant un type de gras souvent présent dans les aliments-réconforts (l’acide laurique, un gras saturé). Ces personnes ont été par la suite soumises à des conditions déprimantes où elles devaient regarder des images de personnes malheureuses tout en écoutant de la musique triste pendant 30 minutes. En parallèle, un groupe témoin a été infusé avec une solution contrôle inactive, sans acide laurique et soumis aux mêmes conditions déprimantes.

Les résultats sont sans équivoque : comparativement aux personnes qui ont reçu l’infusion témoin, les volontaires nourris avec l’infusion de gras étaient beaucoup moins déprimés par la musique et les photos de personnes tristes, tel que cela a été mesuré par les chercheurs à l’aide de tests d’humeur standards.

Cette différence est même visible en imagerie par résonance magnétique du cerveau, car les personnes ayant reçu l’infusion de gras avaient une activité cérébrale moindre au niveau de plusieurs régions reconnues pour participer à l’humeur maussade.

Il semble donc que la stimulation de l’estomac par certaines molécules parvient à influencer la transmission de l’influx nerveux dans certaines régions cérébrales et peut améliorer par le fait même notre humeur. Les aliments-réconforts portent donc bien leur nom !

Source

Van Oudenhove L et coll. Fatty acid–induced gut-brain signaling attenuates neural and behavioral effects of sad emotion in humans. J. Clin. Invest., 2011; 121:3094–99.

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